vendredi 23 mai 2008

Un peu d'Amour...


Je ne résiste pas à partager avec vous ce que je viens de lire dans le onzième album de la série BD culte Soda. A la page 12, le chef du héros fait un peu de philosophie:


"Je sais ce qui ne va pas dans ce pays, Lieutenant Soda...


Nous dépensons du fric que nous n'avons pas pour acheter des choses dont nous n'avons pas besoin pour impressionner des gens que nous n'aimons pas.


Tout l'argent versé aux impôts en une vie par un homme est dépensé en une seconde dans cet Etat.


Les rues sont envahies de maniaques dangereux, ma femme me trompe avec une actrice héroïnomane et mon médecin et mon psy sont ensemble à Hawaï avec mon argent...


Je meurs d'envie de me remettre à fumer depuis que mon hamster est mort en chiquant mes patchs à la nicotine... J'ai bien acheté un tamagochi, vous savez, ces petits animaux virtuels...


Mais ce n'est pas la même chose, Lieutenant Soda, pas la même chose du tout... Ce qui ne va pas, c'est tout ce manque d'amour..."

mardi 29 avril 2008

Le Prix Gros Sel 2008 à Divin quotidien ?


Vous avez peut-être acheté le livre Divin quotidien et peut-être l'avez-vous suffisamment apprécié pour qu'il prétende au Prix Gros Sel 2008, un Prix littéraire alternatif qui vise à promouvoir l'édition indépendante et les livres qui ne bénéficient pas des énormes budgets de promotion des grandes maisons.

Un Prix littéraire tout indiqué pour Divin quotidien, car ce sont d'abord les lecteurs qui déterminent la short list examinée par le jury.

Si vous voulez voter pour ce livre, si vous voulez qu'il soit récompensé, merci d'aller sur le site du Prix Gros Sel puis de cliquer dans la colonne de gauche sur "voter pour 2008". Un formulaire électronique apparaîtra, et après avoir rempli vos coordonnées, vous devrez choisir "Prix Gros Sel du Public", puis indiquer le nom de l'auteur (Hughes Belin), le titre du livre (Divin quotidien), l'année de parution (2007) et le nom de l'éditeur (Laetoli), et des commentaires éventuels. N'oubliez pas enfin de cliquer sur "envoyez".

Merci de faire passer le message, notamment aux éventuels heureux lecteurs à qui vous l'avez offert ou prêté.

Et merci à vous, chers lecteurs et trices, pour votre coup de pouce !

mercredi 19 mars 2008

Schizophrénie


Un petit mot bien abstrus pour commencer. Qui veut juste dire que si on regarde bien les choses, on se trouve devant deux attitudes radicalement opposées, venant des mêmes personnes, pour leur relation à un même sujet : l'animal.


Bon, commençons par notre relation aux animaux que nous mangeons. Nos sociétés modernes nous épargnent, dans la plupart des cas, la mise à mort de l'animal que nous allons "consommer". Sauf peut-être pour les huîtres, que j'adore, qui sont vivantes lorsque nous les mâchons. Ah ! C'est dégueulasse ! Certains vont même jusqu'à les avaler tout rond, laissant le soin à l'acide chlorhydrique de notre estomac le soin de les occire. Mais à quoi bon manger des huîtres si ce n'est pas pour les déguster dans toute la splendeur de leur goût iodé, métallique et leur consistance gluante, aqueuse. Moi, quand j'embrasse, je mets la langue !


Bref, après cette digression pleine d'embruns, examinons un peu le coeur du problème. Les Britanniques et d'autres peuples aussi, ont résolu le problème linguistiquement. Pig désigne le cochon (l'animal) et pork la viande qu'on mange,par exemple. En espagnol, pez est le poisson qui frétille dans la mer et pescado celui qu'on va déguster. Mais aujourd'hui, avec l'élevage en batterie de la plupart des espèces animales que nous consommons, on ne fait plus la distinction entre la petite bébête et ce qui se trouve dans notre assiette... et qui est mort.


Le résultat, c'est que personne ne se choque de savoir ou de voir des animaux vivre - peut-on appler ça vivre - dans des camps de concentration, destinés à nous nourrir. Je dis des "camps de concentration", car dans son excellente enquête journalistique sur la malbouffe, William Raymond (Toxic, éditions J'ai Lu) constate que la seule sortie possible, c'est l'entrée de l'abattoir. Entre mourir de faim ou être gavé de nourriture industrielle, voire de sa propre merde, quelle est la différence ?


Bref, à part quelques végétariens et/ou hippies défenseurs de la cause animale - qu'on prend pour des illuminés car il y a bien d'autres problèmes à régler sur cette planète - la quasi-totalité de la population ne s'émeut absolument pas des conditions atroces de production de la viande que nous consommons.


Paradoxe


Et c'est là où je veux en venir. Entre ces animaux qui n'ont pas d'âme, qui ne sont que de la "chair à saucisse" (pour paraphraser la "chair à canon" qui n'est finalement pas si loin) et les autres animaux auxquels nous prêtons une âme, il n'y a que notre regard.


Oui, regardez autour de vous : combien d'entre nous ont des animaux de compagnie auxquels "il ne manque que la parole" ? On les nourrit avec amour, on sort même sous la pluie ou le froid pour les promener, on les flatte, on leur parle, on leur dit des mots d'amour, on a même l'impression qu'ils nous comprennent. Oh ! ils sont si mignons...


Mais quelle différence y a-t-il entre une vache soumise 24h/24 à la traite, avec toutes les maladies qui s'ensuivent, et un chienchien à sa mémère ? Ce sont des animaux. Des non-humains avec plein de gènes en commun avec nous, d'ailleurs. Et pourtant on nie totalement ceux qu'on mange. On nie même leur "animalité".


J'ai été choqué, oui, lorsque j'ai vu une publicité vantant des cuisses de poulet avec la photo d'un paysan au milieu de son pré avec des cuisses de poulet sur pattes. Oui, choqué, parce que l'animal ne compte plus : il est devenu produit de consommation. On ne veut même plus le voir sous sa forme "vivante".


Un jour, j'ai choqué (à mon tour !) ma belle-famille, catholique fort pratiquante, lorsqu'après leur prière d'amour et de paix d'avant agapes, j'ai prononcé une prière aborigène, qui remercie l'animal qu'on va manger d'être né, d'avoir vécu et d'être mort pour nous nourrir. Eh oui, quand on y pense, c'était là sa destinée depuis le début. Et la moindre des choses, c'est de respecter l'être vivant qui va nous nourrir et nous permettre de vivre un peu plus longtemps.


Et là, j'avoue que je ne comprends pas qu'on puisse à se point être schizophrène dans notre relation à l'animal. Et je sens, sans pouvoir expliquer pourquoi, que notre humanité en est amputée d'autant. Que quelque chose ne tourne pas rond, quand on instrumentalise la vie à ce point. Quand on détourne le regard pour ne pas voir que ces animaux auxquels on prête une âme sont les mêmes qu'on "élève" dans des conditions épouvantables, sans sourciller, comme des marchandises.


Gaspillage


Et encore, je ne vous parle même pas de la qualité nutritive d'animaux stressés, désespérés, malheureux, drogués et malades. Je dis seulement qu'il n'est pas nécessaire de manger autant de viande, ni d'un point de vue physiologique, ni d'un point de vue environnemental. La viande, ça demande beaucoup, beaucoup d'eau et d'énergie : c'est un énorme gaspillage, en quelque sorte, si on en abuse. Et on en abuse, alors que c'est parfaitement inutile.


Bref, quelque chose ne tourne pas rond avec cette loi du profit. On a des attitudes contradictoires, non ? Il y a tellement de propriétaires d'animaux de compagnie, qu'on pourrait attendre un peu plus de tendresse pour tous ces animaux qui passent par l'enfer pour nous nourrir. C'est tout de même nous qui les mangeons, non ? Ou qui les consommons, c'est peut-être plus exact.

mercredi 9 janvier 2008

La troisième voie


Changer le monde. Beau programme, mais pas facile. On se sent bien seul, et surtout on ne sait pas trop comment faire. On a communément deux façons d'essayer de changer un système : le conflit avec ce système et l'infiltration de ce système.

Mais le conflit avec le système, la guerre, en d'autres termes, c'est exactement ce que font les Etats-Unis en Irak : ils tentent d'imposer la démocratie par la force. Oui, vous lisez bien : ils veulent imposer une noble idée d'une manière pas noble du tout. Et là, c'est clairement contradictoire.

Alors vouloir changer le monde actuel pour un monde meilleur en faisant tout péter, en faisant une révolution avec des têtes qui tombent, c'est un peu la même chose. Comment se targuer de promouvoir les valeurs de respect de la vie, de sensibilité, de solidarité, de non-jugement, de sérénité, d'amour et de plaisir si c'est pour les faire adopter de force par le système ?

Voie sans issue, car de toute façon, le système actuel est trop bien gardé, avec la puissance auto-entretenue du dieu-argent. Pour le dire simplement, le système est tellement parfait qu'il est capable de mettre n'importe quel opposant à genoux grâce à la manipulation et la force.

L'alternative, c'est d'infiltrer le système. Mais le problème est du même ordre que le précédent : une fois qu'on est dans le système, on y est, et pas moyen de penser en dehors de lui. Et le système a tôt fait d'écraser, ou plutôt d'absorber ceux qui l'ont infiltré pour le combattre. L'exemple de Nicolas Hulot est édifiant : il prône l'écologie, adossé à des multinationales dont le seul objectif est de faire consommer, donc de hâter l'épuisement des ressources et la déshumanisation de l'existence.

Là encore, la puissance de manipulation du système est telle que personne n'en sort, que personne n'arrive à changer le système contre son gré. Les hommes politiques, par exemple, ont les moyens de changer le système pour le rendre plus démocratique, plus juste, notamment en limitant strictement le nombre de mandats susccessifs possibles et en appliquant strictement une règle contre les cumuls. Or, la situation actuelle arrange bien le personnel aux commandes, qui ne va pas scier la branche sur laquelle il prospère. On ne peut donc espérer aucun changement de cet état de fait, malgré la volonté du peuple et son ras-le-bol manifeste des pratiques actuelles du monde politique.

Certains mouvements, comme les religions ou la franc-maçonnerie, par exemple, bien placés pour faire évoluer le système vers plus d'humanité, sont devenus au contraire des piliers du système et ne font que le renforcer. Il ne faut rien attendre de leur côté, car ces mouvements en font partie : luttes de pouvoir, connexions avec le monde financier, conservatisme, sont notamment leurs points communs.

Focale oblique

Un mouvement international, apparu il y a une vingtaine d'années, semble faire tache, dans ce paysage : le mouvement international Slow Food. Est-ce un lobby ? Pas vraiment, car il étudie, analyse et propose, mais se tient en dehors des circuits traditionnels d'influence. Un mouvement politique ? Pas vraiment, car il se situe complètement en dehors de l'échiquier politique traditionnel : il n'est ni de gauche ni de droite. Un club de nantis ? Pas vraiment, car il oeuvre aussi pour les paysans opprimés par la mondialisation du commerce et des goûts. Une ONG ? Un peu, mais pas avec le visage traditionnel des ONG pleines de bonnes intentions qui viennent secourir les faibles et les opprimés.

Cet exemple est intéressant, car Slow Food est tout simplement hors du système, et le combat avec d'autres armes que celles du conflit direct et de l'infiltration. Le système est là, et on accepte ce fait. Il est puissant, certes. Et alors ? Pourquoi ne pas proposer un autre système en expliquant pourquoi.

C'est là la force de Slow Food : il propose une autre vision du monde mais est impossible à étiqueter, donc à mettre au pas. Insaisissable, donc. Et tout cela malgré tout ce que le système nous montre chaque jour (souffrance, inégalités, injustices, manipulations, peur, incitations à consommer et entretien de la culpabilité) et que je ne vais pas une fois de plus étaler ici, on peut s'en passer pour une fois. La vision que propose Slow Food est donc complètement dingue, impensable, folle, dans notre monde régi par le profit.

Bien au contraire, Slow Food propose un monde meilleur ici, tout de suite, là, dans votre assiette, chez vous. Ces sourires fraternels et ces mines réjouies qu'affiche la communication de Slow Food sonnent vrai, juste, à des années-lumière des sourires Colgate de nos pubs omniprésentes. Car nous avons tous, absolument tous connu la convivialité autour d'une assiette ou d'un verre, depuis les temps préhistoriques où la horde se retrouvait pour manger le produit de la chasse autour du feu.

Une autre vision du monde, faite de don, de partage, de sensualité, de liens, de plaisir et surtout d'Amour. Voilà la troisième voie que nous montre Slow Food et tous ceux qui oeuvrent à changer le monde avec éveil et détachement.

Ces changeurs de monde pensent "en dehors de la boîte", ils voient avec une focale oblique, c'est-à-dire qu'ils sont suffisamment éveillés, qu'ils ont suffisamment ouvert les yeux pour voir que le système n'est qu'un système qui s'auto-nourrit de l'aveuglement général, grâce à la puissance de l'argent, de la télé et de la publicité. Qui le laissent de côté et préfère mettre de l'énergie là où ça fait du bien au coeur et à l'âme.

Vivre mieux

Vont-ils changer le monde, ces hommes et ces femmes qui côtoient le système et proposent une autre manière d'exister, sans s'opposer de front au système ? Peut-être, ou peut-être pas. Ce n'est pas un problème, ce n'est pas grave. Ce n'est pas une raison pour ne rien faire. Parce que se résigner, c'est à coup sûr souffrir, de toute façon. Vivre autrement, dans l'amour et la sensualité, c'est à coup sûr vivre mieux.

Il y a beaucoup de façons de le faire, et dans le respect de chacun, on y arrive très vite. Lancez-vous ! Jetez votre télé. Apprenez à vous aimer suffisamment pour ne pas avoir besoin du regard des autres. Sortez de votre dépendance à l'argent : le bonheur n'est pas dans la consommation. Faites de l'introspection et sortez de vos dépendances (alcool, sucre, travail, médicaments...). Tissez des liens plus intimes avec les personnes de votre entourage. Faites-vous plaisir et partagez ce plaisir de vivre. Réapprenez à jouir de vos sens, de vos cinq sens, sans exception.

Cherchez la beauté autour de vous, ou créez-la de toutes les façons possibles. N'attendez pas qu'une comète passe pour faire des voeux : exprimez vos désirs profonds. Prenez soin de votre corps, aimez-le. Réapprenez à donner, à faire des cadeaux qui vous coûtent (pas forcément de l'argent). Prenez le temps de vivre, reprenez la maîtrise de votre emploi du temps. Dites plus souvent "bonjour", "s'il vous plaît", "merci", "avec plaisir", "bienvenue" : ce sont véritablement des mots magiques, et pas que pour les enfants.

Cette liste n'est bien entendu pas exhaustive. Quand on l'applique, on est complètement en dehors du système. Le système : cet endroit où l'amour est absent, où le plaisir est coupable ou tarifé, où le lien est intéressé, et où la richesse est matérielle.

Laissez-le tourner sans vous. Nous avons tous le pouvoir de nous libérer. Il suffit de petit à petit s'éloigner du système et d'aller chaque fois qu'on peut vers quelque chose de plus humain. Un indice : quand vous sentez de l'amour, c'est le bon chemin !